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Cet article est basé sur plusieurs sources de Wikipédia


Dieux anciens[]

Origines[]

On ne peut pas parler de mythologie pyrénéenne sans parler de Pyrène. Pyrène témoigne d'une colonisation grecque par la Méditerranée, son nom évoquant à la fois une nymphe et des feux grandioses incendiant les montagnes. Il est très difficile aujourd'hui de démêler les légendes originelles des infinies variations ultérieures. Nous disposons d'une version écrite, dans les Guerres puniques du poète latin Silius Italicus. Racontant l'épopée guerrière des Carthaginois d'Hannibal, il évoque, au passage des Pyrénées l'histoire de Pyrène, fille du roi Bébryx, qui fut séduite et abandonnée par Hercule. Désespérée, elle s'enfonça dans la forêt, où les bêtes sauvages la dévorèrent. Hercule de retour ne put que lui élever un tombeau. Diodore de Sicile dit, pour sa part, que ces montagnes étant couvertes de forêts, les bergers y mirent le feu, les embrasant de manière grandiose, faisant naître des ruisseaux d'or et d'argent fondus. D'autres légendes littéraires ont plus ou moins mêlé ces premiers récits, en d'innombrables versions.

Avant ces débuts littéraires, la mythologie pyrénéenne s'était sans doute déjà constituée.

Dans tous les massifs montagneux du monde, les sommets ont toujours été plus ou moins divinisés : non seulement en tant qu'habitation ou domaine réservé, mais aussi comme personnalisation d'un être divin. Les grands sommets sont assimilés à des géants endormis, tels l'Aneto, que les habitants de Benasque disaient entendre gémir, les nuits de tempête. Le Puigmal était un être vivant, intervenant physiquement pour défendre la nature. Des Tres Sorores (« les Trois Sœurs ») du mont Perdu, aux Encantats (les « Enchantés »), on ne compte plus les sommets qui seraient des personnages métamorphosés à la suite d'événements divers, souvent de malédictions d'origine chrétienne, ou christianisées ultérieurement (punition d'un blasphème ou d'une impiété). Cet état de choses est attesté par la persistance de traditions orales. Sur des réalités concrètes, les Pyrénées abondent en vestiges archéologiques témoignant de cultes anciens.

Cromlech d'Okabe, près de Saint-Jean-Pied-de-Port.

Les mégalithes (dolmens, menhirs ou pierres dressées, pierres à cupules…) sont des témoins de cultes dont on ne sait que peu de choses, mais ils ont servi de support à une mythologie extrêmement riche forgée ultérieurement, ne serait-ce que pour expliquer leur présence : pierres dressées par des géants (Roland), des Maures, le Diable ou des saints. Les dolmens auraient constitué les maisons de Maures géants, qu'ils transportaient partout avec eux : une pierre sur la tête, et une sous chaque bras. Les cupules et autres marques dans la pierre sont devenues les empreintes laissées par les mains, les genoux, les pieds ou la tête de saints ou de saintes. Cette christianisation populaire s'est doublée d'une christianisation « officielle » de la part des ecclésiastiques, qui plantaient des croix sur les mégalithes et qui n'hésitaient pas, plus radicalement, à les faire sauter à la dynamite. En effet, jusqu'au XIXe siècle on a vu la persistance de cérémonies, dont l'origine s'est perdue, qui relèvent de rituels de fécondité tellement explicites que l'autorité religieuse ne pouvait que s'en émouvoir. On cite le cas du calhau d'Arriba-Pardin, à Poubeau, en vallée du Larboust où certaines nuits les gens se retrouvaient dans une sorte de bacchanale, les hommes tournant autour de la pierre, manu penem proferentes.

Dieux pyrénéens[]

Des cultes pré-chrétiens, on a de nombreux autels, inscriptions et quelques effigies sculptées de dieux. La plupart de ces témoignages sont souvent retrouvés en tant que remplois dans les murs des églises (ce qui indique certainement la proximité d'un ancien sanctuaire mais ne signifie pas nécessairement la continuité des cultes sur un même lieu).

Les dieux locaux, honorés de longue date, subsistent conjointement avec les dieux romains importés après la conquête et les assimilant parfois. Ainsi Abellio, dieu solaire dont le nom rappelle évidemment Apollon et aussi le Belen gaulois, mais qui pourrait donc aussi avoir une origine celte. Paul Barrau de Lorde, en 1937, publie parmi ses légendes onésiennes une légende des douze géants du Larboust. Légende forgée de toutes pièces, mais qui reprend plus ou moins les noms des dieux fréquemment rencontrés dans ces Pyrénées centrales, et plus particulièrement dans le Comminges : les fils de Leherenn (assimilé à Mars, des autels ont été retrouvés à Ardiège, en Comminges) et de Baïgorrixa (un dieu Baïcorrix, cippe trouvé à Montmajou), Alardos (vallée de Luchon), Hunnu (en fait, le dédicant d'un autel à un dieu Iscitt, trouvé à Garin), Andostenn (Antignac), Harblex, Hérian, Sérion, Abellion (autels à Saint-Aventin, à Saint-Pé-d'Ardet, etc.), Arix, Molox, Bontar, Barhossis et Illix (Illix, ou Ilixo, dieu des sources, a donné son nom à la ville de Luchon). On peut ajouter de nombreux noms à cette liste, comme le dieu Ergé qui avait son temple au sommet du mont Marteau, où on a retrouvé des cippes et un très beau masque de bronze du IIe siècle. Artahe, Idiatte, Garuna (le fleuve Garonne), ainsi que les Dei Montibus (dieux des montagnes) honorés à l'oppidum de Saint-Pé-d'Ardet. Le dieu Baesert a laissé un toponyme, entre Montréjeau et Saint-Gaudens, le Bazert.

L'origine basque de la plupart de ces noms n'est pas douteuse, et confirme l'extension du domaine bascophone sur une grande partie des Pyrénées : Baïgorrix est un dieu des sources fréquent dans le Pays basque. Les divinités basques, Mari, Sugaar (ou Sugoi, ou Maju) ont subsisté dans la mémoire collective en connaissant diverses fortunes dans l'évolution, de même que les multiples jaunak (« seigneurs »), Basajaun, Jaun Zuria, Jaunagorri…


Divinités des champs, des forêts et des montagnes[]

Tantugou

Le dolmen de Tella (Huesca), repaire de Silvan.

Dans le grand mouvement de l'évolution, qui touche aussi les mythologies, les dieux tout-puissants se muent peu à peu en divinités secondaires, en personnages mystérieux, protecteurs mais souvent effrayants, pour finir en croque-mitaines. Les croyances populaires n'étaient pas complètement éteintes au XIXe siècle, lorsque les chercheurs et érudits ont enquêté. Ainsi le personnage de Tantugou, bien connu en vallée du Louron et vallée du Larboust, considéré comme un protecteur des cultures, des pâturages et des troupeaux. C'est une des multiples formes du Sylvain latin, chargé de ce même rôle. Si Tantugou présente l'aspect d'un grand vieillard respectable, d'autres se rapprochent de l'homme sauvage, un être entre l'homme et l'animal, couvert de poils, tel le basajaun (« seigneur sauvage ») basque et sa femme, la basa andere. Le basajaun conserve encore un caractère ambigu, protecteur mais inquiétant, de toute façon hors du monde chrétien. El Home grandizo qui hante la vallée d'Onsera, en haut Aragon, armé d'une massue et accompagné d'un ours, est un protecteur, se dit lui-même un ancien dieu. Il descend dans la plaine pour la Semaine sainte, contemple les cérémonies des hommes, et remonte dans ses montagnes en disant que, décidément, les hommes sont devenus fous. Le Silvan aragonais, tapi dans le dolmen de Tella, malgré son nom, n'a plus rien de protecteur et n'est qu'un redoutable brigand.

De même, les eaux sont le domaine de divinités, souvent féminines, qui vont se muer progressivement en fées, surtout pour ce qui concerne les fontaines et les sources. Les eaux des torrents, des rivières ou des étangs sont occupées par des sirènes, des daunas d'aiga (« femmes d'eau ») ou des dragas (féminin de drac), parfois sortes de fées vivant dans des cavernes ou des gouffres. Le terme drac, proche du « dragon », est à usages multiples : il peut désigner un dragon, ou un lutin plutôt facétieux, mais aussi une créature maléfique liée au danger des eaux, de forme variable, entraînant avec lui des enfants imprudents pour les noyer et jouant ainsi, finalement, un rôle pédagogique. Le drac est l'une des multiples formes du Diable.

Fées[]

Les fées (fadas, hadas, encantadas, dragas) constituent un peuple à part. Essentiellement féminines, elles peuvent avoir des enfants, les hadets ou hadachs. En Ariège, les dragas avaient des compagnons, les dragòts. Il existe de nombreuses histoires de changelins. Ce mot n'est pratiquement jamais utilisé dans les Pyrénées, mais l'enfant de la fée peut se trouver enlevé par des humains, à qui il apporte des révélations de secrets concernant la vie quotidienne. Généralement, il finit par s'enfuir pour rejoindre sa mère, juste avant de révéler le secret le plus important (souvent, le secret de la feuille, ou du chaton, ou du bourgeon de l'aulne… qu'on ignore donc encore). Par ailleurs, c'est la fée qui, ayant un enfant laid et disgracieux, l'échange avec le beau bébé d'un couple d'humains. Ceux-ci n'ont d'autre ressource que de laisser le hadet sans soins, le laissant pleurer, jusqu'à ce que les sentiments maternels de la fée ne reprennent le dessus, et qu'elle restitue l'enfant volé pour reprendre le sien.

D'après sa légende familiale, Jean-Baptiste Bernadotte, général de la Révolution puis de l'Empire, fondateur de la lignée royale de Suède, né à Pau, descendait par sa mère d'une famille Abadie qui vivait à Sireix, en Lavedan. Un jeune berger de la famille Abadie aurait tiré de son enchantement la fée des eaux du lac d'Estaing, et l'aurait épousée. L'étonnant destin de Bernadotte trouve là une explication que les historiens n'ont pas retenue…

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